Les différents "psys"

Autrement dit :

  • qui est qui ?
  • qui fait quoi ?

Quelles différences entre un psychanalyste, un psychologue ou un psychiatre ?

 

Pour ce qui concerne la France, certaines professions sont réglementées, d'autres ne le sont pas.

 

Le psychanalyste est - a minima strict - un professionnel nanti d'un haut niveau d'études (bac+5 à bac+8) en sciences humaines, psychologie, sociologie, médecine, ou bien ancien éducateur spécialisé, enseignant ou soignant, ayant suivi une formation de plusieurs années en psychanalyse (par le biais de séminaires dans le cadre d'écoles - de type privé - ou à l'université) et s'étant soumis lui-même à une démarche de "cure-type" (c'est à dire qu'il a été analysé par un analyste, ce qui lui a permis de travailler sur sa propre personne, son histoire, son lien avec l'intérêt à l'humain) et capitalisant une expérience importante dans l'un des métiers cités.

La profession de psychanalyste n'est pas réglementée par un référentiel légal (Lois, Décrets, etc.), toutefois, elle est encadrée par un dispositif éthique et scientifique consensuel entre les différents courants psychanalytiques, obligeant notamment le praticien à être membre d'une association reconnue. Si n'importe qui peut se dire psychanalyste, le professionnel qui ne réunit pas les critères requis cités plus haut ne sera pas reconnu par une société savante sérieuse et risque de présenter un "risque" pour les personnes qu'il recevra : sans expérience et sans formation suffisante il ne pourra pas guider la thérapie et faire montre d'une capacité clinique globale.

De ce fait, et par tradition, en France, les psychanalystes membres d'organisations structurées (disposant de moyens de formation des analystes, commissions d'admissions, structures internes de recherche, organes de publication, liens avec les universités, etc.) ont d'abord exercé un métier auprès de l'humain avant de faire la démarche de développement de la compétence de prise en charge des souffrances par la méthode psychanalytique.

La psychanalyse et les thérapies psychanalytiques ne sont pas prises en charge par le dispositif de la CPAM. Toutefois certaines mutuelles proposent des conditions de remboursement limitées à un certain nombre de séances annuelles.

 

Le psychologue est un professionnel dont le titre est protégé par la Loi. Il a obligatoirement validé une Licence en psychologie ainsi qu'un Master2 (pro ou recherche ; ou bien DEA avec stage ou un DESS)  lui permettant l'obtention du titre. Les titulaires d'un Doctorat en psychologie ne sont pas psychologues s'ils n'ont pas validés les étapes obligatoires citées ci-dessus). Il dispose donc d'une formation universitaire avec expérience dans une institution sanitaire, sociale, éducative, etc. Les parcours et profils des psychologues sont variables, nombreux sont ceux à être "spécialisés", soit par la mention de leur Master/DESS/DEA, soit suite à l'obtention d'un DU ajoutant à leur compétence. Les consultations en libéral sont, comme pour le psychanalyste, non prises en charge par le système de santé.Peu de personnes le savent, mais les psychologues n'entrent pas dans la catégorie des professionnels de santé. De formation universitaire et clinique en psychologie ils ne sont donc ni médicaux, ni paramédicaux. Ce sont des spécialistes compétents dans leurs spécialité de la prise en charge psychologique de l'humain et qui, comme le psychanalyste, sont eux-mêmes "l'outil support" de la thérapie. Toutefois, dans certains cas et notamment avec les enfants, le psychologue peut faire l'usage de "tests" et techniques faisant appel à des supports matériels (on appelle cela la "psychologie armée", formule curieuse pour désigner le fait qu'il ne s'agit pas simplement d'un échange à type de discussion ; de la même façon un psychanalyste peut utiliser des supports, entre autres pour la prise en charge des enfants, et se servir du modelage, du dessin, etc.).

 

Le psychiatre est tout d'abord un médecin. Il a d'abord suivi un cursus de médecine, a donc soutenu une thèse d'exercice, spécialisé en psychiatrie. Il est docteur en médecine spécialisé en psychiatrie. Son expérience et sa compétence sont de haut niveau professionnel. Il s'est spécialisé à la prise en charge de l'humain sur le plan de la souffrance psychique durant son internat (dernière partie des études de médecine). Les consultations auprès d'un psychiatre sont remboursées. Etant médecin le psychiatre peut formuler un diagnostic médical, énoncer un pronostic et prescrire des traitements (médicaments psychotropes).  Selon la sensibilité clinique et son orientation thérapeutique le psychiatre pourra proposer des entretiens directifs ou semi-directifs, avoir une méthode de travail proche dans l'allure de celle du psychologue ou du psychanalyste.

 

Le psychologue ou le médecin peut être aussi psychanalyste, s'il a suivi, en plus de son cursus à l'université, la formation à la psychanalyse.

Dans le cadre de leur exercice respectif, sur le plan de la prise en charge des personnes en souffrance psychique, psychanalyste, psychologue et psychiatrie sont donc collègues mêmes s'ils ne sont pas de même formation de base. Ils se disent "confrères" lorsqu'ils ont soit la même formation en commun ou bien qu'ils sont psychanalystes^.

 

Ces professionnels sont, à proprement parler, des psychothérapeutes. En France, la psychothérapie ayant été exercée par certaines personnes non formées et ayant abusé du titre de psychothérapeute, une Loi encadre l'usage du titre de "psychothérapeute" et la mention "psychothérapie". Ceux des praticiens non formés nécessairement par l'université qui pratiquent l'une ou l'autre des méthodes de psychothérapies (et elles sont fort nombreuses) se définissent aujourd'hui en tant que "psychopraticiens". Il n'est toutefois pas possible d'affirmer qu'une personne non formée à l'université ne sera pas un bon "psychothérapeute" comme, de la même façon, on ne peut affirmer qu'un médecin ou un psychologue ou un psychanalyste soit meilleur ou bon "psychothérapeute".

 

On conseille en général aux personnes qui désirent consulter de prendre information de la formation, de l'expérience, de l'orientation conceptuelle du psychothérapeute sollicité. Le premier entretien est en général déterminant, fondamental, pour l'un (le patient) comme pour l'autre (le praticien). Rien n'empêche de consulter deux, voire trois professionnels différents afin de "sentir" ("feeling" disent les anglophones) avec qui "cela passe".

Si les titres ne prouvent rien il est prudent d'avoir des réserves en face d'un praticien sans formation solide ni expérience, quand bien même celui-ci peut présenter une volonté affirmer d'aider l'autre. Ainsi, comme le disent de nombreux auteurs des différents courants de psychothérapie, avant de prétendre aider et soigner l'autre il convient d'avoir cheminer soi-même, de s'être formé de bonne façon et - surtout - d'avoir travaillé sur soi (par l'une ou l'autre des méthodes qui existent, la psychanalyse en étant une, certes, mais ne prétendant pas être la première ou la meilleure).

 

 Le praticien en psychothérapie (ou dit "psychopraticien")

 

Je propose ici la définition donnée par le SNPPsy, syndicat professionnel dont je suis membre. Cette définition consensuelle au sein de la profession des praticiens en psychothérapie permet de comprendre à la fois le statut du thérapeute (cadre social et légal) comme l'approche conceptuelle.

 

Extrait du site du SNPPsy :

 

Psychopraticien relationnel est le titre qui a été choisi par un certain nombre d’organisations professionnelles de psychothérapeutes (dont notre syndicat) lorsque la loi a été promulguée.

Ces organismes défendent depuis plus de trente ans un certain nombre de principes sur lesquels doit être basé tout travail psychologique.
Ces professionnels constatant, depuis le travail innovant de Freud, que l’inconscient est au centre de la problématique ( ce que démontrent nombres d’études scientifiques récentes), ils défendent un cursus professionnel solide et étayé par de nombreuses données cliniques : le thérapeute doit connaitre son inconscient donc avoir fait un travail sur lui même suffisamment approfondi, il doit également avoir un superviseur qui lui permet d’analyser ce qui se passe dans la relation avec le consultant, il doit respecter un code de déontologie particulier qui sécurise la relation afin que le travail psychique se fasse correctement, et bien sûr avoir une formation théorique solide comprenant de la psychopathologie. Les formations dans les écoles de psychopraticiens ont pour particulier d’être en partie expérientielles ( le praticien expérimente lui-même les techniques qu’il va utiliser).

Le psychopraticien relationnel pratique la psychothérapie, c’est-à-dire les soins non médicaux de la psyché, par l’écoute ou à l’aide de techniques actives, soit en séances individuelles, soit en groupe. Il ne s’occupe pas de la maladie en tant que telle mais de la personne en difficulté. Il ne délivre pas de médicaments. Ce n’est pas non plus un chercheur scientifique (même si certains le sont aussi par ailleurs) mais un praticien qui exerce un art particulier auquel il s’est spécialement formé : la psychothérapie.

La spécificité de cette pratique est que l’accent est mis sur la relation entre le praticien et le consultant, et ce, quelque soit la technique utilisée. Elle vise à une transformation en profondeur, tenant compte de l’inconscient. Ceci l’oppose aux thérapies comportementalistes qui se basent sur des techniques de rééducation comportementales ayant pour seul but de faire disparaitre le symptôme.
Ceci la différentie également de la thérapie de soutien (limitée dans le temps)qui ne vise pas l’obtention de remaniements psychologiques profonds mais plutôt à un renforcement des capacités adaptatives concernant les situations présentes.

Un certain nombre de médecins, psychiatres ou psychologues ont compris que la formation théorique ne suffisait pas pour pratiquer des thérapies de qualité, ils se sont dont formés dans les différentes écoles de psychothérapie relationnelle et ont fait un travail sur leur propre inconscient, ils sont donc devenus psychopraticiens.

Attention : l’état actuel de l’absence de réglementation du titre de "psychopraticien relationnel" peut permettre à des personnes non suffisamment qualifiées de se l’approprier, c’est pourquoi il est important de choisir quelqu’un d’agréé par un organisme professionnel reconnu tel que le nôtre.

 

Consulter aussi la page dédiée à ce sujet sur le site du SNPPsy : http://www.snppsy.org/Formation-des-psychotherapeutes